A la fin juin 1940, le destin de la France est joué. L’Allemagne nazie, vainqueur, occupe les deux tiers du territoire et le gouvernement du Maréchal Pétain contrôle le tiers restant. Qu’il s’agisse de la partie Nord (sous contrôle de l’occupant) ou de la partie sud (surveillée par la police de Vichy), résister n’est pas chose facile. Les premiers résistants improvisent des actions la plupart du temps individuelles, mais aucune Résistance organisée ne verra le jour avant 1941.
S’engager dans la Résistance nécessitait plusieurs conditions. Il fallait être capable d’identifier l’ennemi, ce qui fut assez naturel avec la figure du nazi et de l’occupant allemand, mais beaucoup moins en ce qui concerne Vichy. Il fallait également se juger capable d’une action assez efficace pour accepter d’y prendre des risques souvent considérables. Enfin, dans le registre très personnel de l’émotion, il fallait qu’un élément de la situation de la France fût jugé suffisamment inacceptable pour provoquer l’engagement résistant.
Pourtant, dès les premiers jours après la défaite, surviennent les premiers actes de résistance. La plupart du temps des actions isolées qui n’ont pas forcément de caractère militaire. Ceux qui refusent la défaite et les conditions qu’impose l’armistice manifestent déjà, de différentes façons, leur hostilité à l’occupant. Le mot « Résistance » n’apparait pas encore mais il s’agit, déjà, de la manifestation de l’esprit qui présidera, plus tard, au développement de ce qui restera dans l’histoire comme « la Résistance ».
Souvent, c’est l’instinct qui dicte les comportements et les premières formes de rébellion, de refus, sont dictées par la situation elle même. L’exemple de Jeanne Robert, jeune femme de la région Lilloise qui, plus tard, rentrera dans la Résistance dans le Gers après avoir fui le Nord, est des plus explicites. Alors que les allemands ont décrété le département «zone interdite», elle va faciliter avec son cousin Léon Degand, commis principal à la gare SNCF de Lille, la fuite de soldats français et anglais coincés dans cette zone. D’autres tracent des insciptions hostiles sur les murs et l’on voit fleurir des »A bas les boches » puis, bientôt, des « A Bas Pétain ». Certains tentent de sensibiliser la population en distribuant clandestinement des tracts de fortune dans les grandes villes. Un certain nombre, sans s’être concertés, procèdent au dangereux ramassage et stockage des armes abandonnées en juin 1940 sur le champ de bataille. A Paris, en Novembre 1940, des étudiants manifestent à l’Arc de Triomphe en brandissant « deux gaules », geste précédé de « Vive » (de nombreuses arrestations sont opérées et les facultés ferment pour deux mois). C’est une des premières « réactions de masse » à l’occupant. Tous ces actes, pour anodins qu’ils puissent paraître, font déjà courir à leurs auteurs de grands risques.
Un certain nombre de français (ou d’étrangers résidant en France) choisiront d’entrer en Résistance en répondant à l’appel du Général de Gaulle, un officier rebelle au gouvernement de Vichy qui, depuis Londres, prône la poursuite du combat. Le cas le plus emblématique est celui des pêcheurs de l’île de Sein. Aussitôt après avoir été mis au courant de cet appel diffusé le 18 Juin sur les ondes de la BBC anglaise et bientôt suivi d’autres exhortations à rejoindre la « France Libre » du Général, ils sont 146 à embarquer sur leurs bateaux de pêche pour traverser la Manche et s’engager dans la lutte. Un mouvement collectif qui restera dans l’histoire.
La France Libre représente ce qu’on appellera la Résistance extérieure. Elle viendra soutenir par divers moyens clandestins la Résistance intérieure qui va se développer dans la France occupée dans des conditions particulièrement complexes. Au début, les premiers groupes de résistants se forment au hasard et sans coordination. Au fil des mois et au gré des conversations que les uns et les autres entretiennent ici et là, le plus discrètement possible, des embryons de « cellules » se forment entre groupes d’hommes partageant les mêmes convictions et le refus de l’inaction. C’est alors que commence une réflexion souterraine sur le thème « que faire et avec qui ? » Ce sont les premières bases sur lesquelles vont se développer, peu à peu, des réseaux de plus en plus organisés et structurés. Avec l’apparition de ces réseaux, on assiste à l’émergence de la Résistance.
Quatre facteurs principaux ont favorisé le développement de la Résistance
Les Résistants sont des femmes et des hommes qui, en raison du contexte, oublient leurs divergences pour atteindre un seul objectif : lutter contre l’oppresseur nazi. Toutes les sensibilités politiques de gauche comme de droite, toutes les sensibilités philosophiques et religieuses sont représentées au sein de la résistance.
Des étrangers combattent aux côtés des résistants français: antifascistes italiens, antinazis allemands, républicains espagnols réfugiés en France, immigrés polonais et arméniens, étrangers de confession juive .
Volontaires engagés dans l’action clandestine, les résistants risquent à tout moment d’être dénoncés, arrêtés, torturés, emprisonnés, exécutés ou déportés.
Ils constituent, dans les débuts, une toute petite minorité courageuse (entre 3 et 5% de la population, selon les estimations)
En France, 10 000 à 30 000 personnes ont été exécutées, et 63 000 seront déportées pour acte de Résistance ou complicité de Résistance (dont 26 000 ne sont pas revenus).
A la Libération, la Résistance joue un rôle important dans la reconstruction du pays. A travers le programme préparé par le Conseil National de la Résistance (CNR), elle enclenche un mouvement social beaucoup plus vaste qui entraîne l’adhésion de la majorité des Français.
Parmi les résistants qui ont contribué à la lutte contre le nazisme et contre l’occupation, beaucoup de femmes se sont illustrées. Beaucoup d’entre elles, bien sûr, furent sollicitées pour convoyer des messages, mais elles ont également agi comme agents de renseignement ou dans l’engagement militaire. Combien d’entre elles, telle Helène Falbet, résistante agenaise membre du réseau Victoire, n’hésiteront-elles pas à transporter clandestinement des armes ? D’autre, comme Anne Marie-Walters ou Yvonne Cormeau deviendront agent des services secrets et s’engageront dans le SOE britannique.
Dans le Gers elles furent également nombreuses à risquer leur vie pour s’engager dans la lutte. l’ANACR leur a rendu hommage dans un ouvrage qui leur est entièrement consacré : « Les femmes du Gers dans la Résistance ».