Les pertes militaires en URSS (Stalingrad) et l’échec de la « Relève » accroissent les exigences des nazis en matière de main d’oeuvre. Pour poursuivre son effort de guerre et faire marcher ses usines, l’Allemagne réquisitionne des travailleurs partout dans les pays qu’elle occupe. En France, Pierre Laval qui dirige le gouvernement de Vichy et « souhaite la victoire de l’Allemagne » fait adopter en Conseil des ministres la loi du 16 février 1943 qui oblige les jeunes Français à se rendre en Allemagne pour y travailler. C’est le Service du Travail obligatoire, ou STO. Une loi impopulaire qui va pousser une partie de la jeunesse vers la clandestinité et les maquis de la Résistance.
Au fur et à mesure que la guerre se prolonge, l’Allemagne Nazie commence à subir des revers et elle doit faire face sur de nombreux fronts. Pendant qu’elle mobilise toujours plus d’hommes, ses usines manquent de bras.
L’ouverture du front de l’Est contre l’Union soviétique en Juin 1941 va encore accélérer ce processus. Pour compenser sa perte de main-d’œuvre, le Reich organise dès mars 1942 un recrutement forcé de main-d’œuvre dans l’ensemble des pays d’Europe sous la directions de l’Obergruppenführer Fritz Sauckel. Surnommé le « négrier de l’Europe », il va notamment exercer une forte pression sur la France qui sera le Troisième plus grand pays fournisseur de main d’œuvre, après l’URSS et la Pologne.
Pour la France, Sauckel demande immédiatement l’envoi de 250 000 hommes. Laval, premier ministre du gouvernement de Vichy, accepte à condition que 50 000 prisonniers de guerre soient renvoyés en France pour l’envoi de 150 000 ouvriers qualifiés (soit un prisonnier de guerre français contre trois ouvriers expédiés en Allemagne). Le 11 août 1942, lors d’une cérémonie très médiatisée un premier train de 1 300 prisonniers libérés arrive en gare de Compiègne tandis qu’un train de volontaires part dans l’autre sens pour l’Allemagne. Pour inciter les ouvriers français au volontariat le gouvernement collaborationniste de Vichy mène une campagne de propagande intense. Le soutien à l’effort de guerre allemand est notamment présenté comme un rempart contre le bolchévisme.
L’échec de la « Relève »
Mais l’opération est un échec auprès de l’opinion. Fin août seulement 30 mille volontaires auront répondu à l’appel. Peu à peu, les allemands augmentent la pression sur le gouvernement de Vichy. Laval fait d’abord voter une loi qui amorce une relève par réquisition et qui touche exclusivement les ouvriers. Les réquisitionnés sous le STO sont hébergés dans des camps de travail sur le sol allemand.
Puis, devant l’échec du dispositif, c’est finalement la loi du 16 février 1943 qui institue le Service du travail obligatoire. Cette fois, le recrutement vise tout le monde et, pour les jeunes, il se fait désormais par classes d’âge entières. Les jeunes des classes « 1940 », « 1941 » et « 1942 » sont soumis au STO, présenté comme un substitut au service militaire.
A partir de 1943, beaucoup de jeunes français vont s’affirmer comme réfractaires au Service du Travail Obligatoire. La réquisition pour le STO provoque leur fuite vers des lieux d’asile, à la montagne ou dans les campagnes. Ce mouvement va constituer un apport conséquent pour l Résistance et pour les maquis. Désormais, il n’est pas de famille française qui ne se sente menacée ou déjà touchée. La Résistance, qui était jusque là le fait d’une minorité active, devient un phénomène d’une plus grande ampleur. « Planquer » les réfractaires pour qu’ils échappent aux recherches va devenir l’affaire d’une bonne partie de la population. Les grouper pour qu’ils se défendent et défendent le pays va devenir l’une des préoccupations de la Résistance et différents réseaux vont s’y attacher.
Les campagnes et l’afflux des réfractaires.
Dans ce domaine le monde paysan a joué un rôle prépondérant : c’est à la campagne que ces garçons ont trouvé refuge en ne voulant pas partir en Allemagne. On les fait passer pour des citadins fuyant les bombardements ou, simplement des cousins éloignés venus se refaire une santé. Les zones rurales, comme le Gers, vont être particulièrement concernées par ce phénomène. Des réfractaires, il en vient de partout, surtout des grandes villes comme Toulouse et Tarbes. De cette époque, mi-année 1943, date d’ailleurs le premier maquis ayant vu le jour dans le Gers. C’est au Castéron, à la limite du Tarn-et-Garonne que, chez un propriétaire du coin, se regroupent une poignée de jeunes bien décidés à rester sur place, en attendant de recevoir des armes pour reprendre le combat contre l’occupant.
Malheureusement, l’épisode du STO sera également à l’origine de nombreuses tragédies. Parmi les six millions d’européens qui seront envoyés au travail obligatoire depuis les pays occupés par les nazis, ce sont 600 000 à 650 000 ouvriers français qui sont envoyés en Allemagne . 250 000 prisonniers de guerre doivent également travailler pour le Reich à partir de 1943, après avoir été «transformés», volontairement ou involontairement, en travailleurs civils. Les conditions de travail sont parfois exténuantes et les logements dans des baraquements sont malsains tandis que la sous-alimentation est chronique. Pire, certains parmi ces travailleurs ne reviendront jamais. Les uns victimes de punitions ou de déportations, les autres tués par les bombardements alliés qui frappent l’Allemagne et ciblent les usines. On estime à 40.000 le nombre de ceux, parmis les français, qui périrent en allemagne. Enfin il y aura ceux qui, mourront pour avoir tenté d’échapper au STO et qui seront arrêtés et déportés, comme, ci dessus, le Fleurantin Victor Baccarini.
En 1946, le STO sera qualifié par les juges du Tribunal de Nuremberg de « crime de guerre » et « d’entreprise d’esclavage la plus étendue et la plus terrible qui se soit jamais vue dans l’histoire ». Fritz Sauckel, lui, est condamné à mort par ce même tribunal et exécuté le 16 octobre 1946.