Yvonne Cormeau, née Biesterfield, (18 Décembre 1909 – 25 Décembre 1997) est une des 41 femmes agent du service secret Britannique Special Operations Executive (SOE) envoyées clandestinement en France pendant l’occupation.. Parachutée en Août 1943, elle rejoint dans le Gers le réseau Wheelwright piloté par George R. Starr (dit Hilaire) pour y agir en tant qu’opératrice radio. Elle est la deuxième femme envoyée en France par le SOE. Réputée pour son sang froid et son efficacité, elle détient également l’un des records d’échange de messages secrets avec Londres. Sa vie a notamment inspiré le film « Charlotte Gray » de Gillian Armstrong interprété par l’actrice Cate Blanchett.
Yvonne Cormeau, fille d’un d’un fonctionnaire consulaire belge et d’une mère écossaise, a reçu une éducation bilingue francophone et anglophone. Quand la guerre éclate, elle est mariée depuis deux ans à un comptable, Charles Cormeau. Lors d’un bombardement sur Londres, Charles est tuée et Yvonne ne survit que par miracle. Devenue veuve, elle intègre les WAAF (auxiliaires féminines de l’Armée de l’air) en 1941. Ce service est également un vivier de recrutement pour le Special Operations Executive, le SOE. Grâce à son bilinguisme, elle intègre ce service secret début 1943. Elle y reçoit une formation de radiotélégraphiste. Elle désire ardemment servir contre l’Allemagne nazie.
Son vœu est exaucé en août 1943. Elle est parachutée dans la région de Bordeaux, puis acheminée vers le Gers où elle sera opératrice radio pour le réseau Wheelwright sous le nom de code « Annette ». Le hasard veut qu’elle connaisse bien son chef, George R. Starr car avant la guerre, leurs familles étaient amies. Pendant près d’un an elle va émettre 484 messages et en recevra plus de 300. Tenue de changer en permanence de lieu d’émission pour pour éviter la détection des services d’écoute allemands (on considère alors qu’un « radio » n’a qu’une espérance de vie de quelques mois) elle émet depuis diverses cachettes en Gironde, dans le Gers, le Lot-et-Garonne, la Haute-Garonne et les Hautes-Pyrénées. Dans le Gers, elle sera accueillie à Fourcès, Caussens, Castelnau-sur-l ‘Auvignon, Lias d’Armagnac, Miramont Latour, Eauze, Maupas, Averon, Bergelle. Elle participe par son action à la réception de plus de 140 parachutages.
Outre l’amitié qui la lie avec Starr déjà avant la guerre, elle se fait apprécier de lui par ses qualités de discrétion qui s’ajoutent à son efficacité. Son courage et sa détermination ne sont pas moindres. Durant la bataille de Castelnau, alors que les troupes allemandes tentent de prendre d’assaut le village le 21 juin 1944, elle fait preuve de sang froid et, malgré une blessure à la jambe, elle parvient à sauver son matériel de transmission pendant le repli. Elle réussit même vraisemblablement à émettre un compte-rendu à l’heure d’écoute fixée avec la centrale de Londres, depuis le bord de la route, à Eauze.
Suite à ces évènements, « Annette »et son chef de réseau vont rester dans le sillage du Bataillon de l’Armagnac commandé par Maurice Parisot, bataillon qu’ils ont largement contribué à armer par leurs livraisons d’armes. Ensemble ils vont participer à la libération de plusieurs villes du Gers et du Sud-Ouest, notamment Toulouse. Là-bas, la rencontre entre le « colonel Hilaire » et le général de Gaulle (très hostile à l’implication des services anglais dans la politique française) est houleuse et les agents du SOE sont « priés » de quitter rapidement le territoire. George Starr et Yvone Cormeau regagnent l’Angleterre. Ils reviendront néanmoins fin novembre 1944 dans le cadre d’une mission « Judex » et seront d’ailleurs décorés par le Colonel Monnet pour les services rendus.
Yvonne Cormeau est démobilisée en 1945 avec le grade de Flight Officer de la WAAF. De retour à la vie civile elle retrouve enfin sa fille Yvette (aujourd’hui Yvette Pitt) qu’elle avait placée dans un couvent à l’âge de deux ans. Elle reprend une vie normale et se consacrera toute sa vie à la promotion des relations franco-britanniques. Elle fait partie, depuis la fin de la guerre, des héroïnes du SOE célébrées notamment par l’Imperial War Musum où elle figure en bonne place dans la section consacrée au SOE. Yvonne Cormeau, dite « Annette » décède en 1995 à l’age de 86 ans.