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Les événements

Parachutages (1941-1944)

Parachutages (1941-1944)

Les événements

Parachutages (1941-1944)

L'histoire Médias

Les parachutages d’armes destinés à équiper la Résistance représentent un des épisodes marquants du dernier conflit mondial. On estime à plus de 3 600 le nombre de parachutages réalisées sur le territoire français par les seuls britanniques pendant la durée des hostilités. Ils étaient l’œuvre du Special Operations executive ( SOE), un service secret créé en juillet 1940. On dénombre également 81 opérations de dépose par avion, en France. Environ 470 agents du SOE, dont 39 femmes, ont été également infiltrés en France.
Ces opérations se déroulaient dans la clandestinité. Afin de les mener à bien, des réseaux secrets se constituèrent sur le sol français, très souvent encadrés ou pilotés par des agents venus de Londres. Le Gers et les Landes frontalières furent particulièrement dotés.

 

L'histoire

Le parachutage : une aventure risquée

Il faut se souvenir qu’au début des années 40, le parachute est une invention récente ou , tout au moins, sa mise en application pratique à des fin militaires. On situe à 1913 les premiers essais significatifs et à 1930 seulement l’utilisation avec les premiers avions gros porteurs.
Parachuter des armes en état de guerre et, encore davantage, lorsqu’il s’agit d’opérer sur un sol contrôlé par l’ennemi, est donc pour l’époque une manœuvre extrêmement complexe notamment sur le plan des communications et de la coordination. Ces opérations exigent une confiance réciproque et des coopérations techniques d’une grande complexité. Il ne faut pas laisser de place à l’imprévu. Les missions sont préparées avec la plus grande rigueur car la vie des équipages et des réceptionnistes en dépend.

slhouette parachute
Le parachute : une invention récente pour l’époque

Un choix déterminant : le terrain

La première des tâches consiste à repérer les terrains susceptibles de recevoir un largage et qui seront qui seront agréés par Londres. Ils doivent correspondre à plusieurs critères. Le terrain de parachutage doit être compris dans un rectangle de 400 m par 300 m minimum, pas trop accidenté ni broussailleux, de préférence en lisière de bois pour dissimuler l’équipe de ramassage pendant l’attente et pour dissimuler rapidement les containers avant le transport.

Lisière de forêt
Un terrain bordé d’arbres pour se dissimuler

Il doit également être éloigné des villages, des routes à grande circulation et qu’il n’y ait pas de terrain d’aviation de la Luftwaffe dans un rayon de 25 Km.
Dans le sud-ouest, le Gers est rural et donc propice. Encore plus dans sa partie ouest bordée par le département des Landes et sa forêt.

Un protocole bien établi

radio pour émettre les messages
Une valise radio pour émettre les messages

Il s’agit ensuite de répertorier et coder ces terrains afin qu’il figurent dans une liste de zones utilisables. Dès que le terrain est homologué, il est « codé », c’est à dire qu’il se voit rattacher un “Pseudonyme » et une phrase clé. Par exemple des phrases comme : « Il gagne toujours à la roulette », « la nuit tous les chats sont gris », « Balthazar est arrivé »… Cette phrase, qui n’a apparemment aucun sens, sera lue à la radio anglaise (BBC) dans l’émission « Les français parlent aux français ». Il s’agit d’émissions interdites par l’occupant ou le régime de Vichy et qu’il est risqué d’écouter. Lorsque les équipes au sol entendent les phrases codées, ils savent que l’avion va passer dans la nuit sur le terrain qui est rattaché à cette phrase par les conventions secrètes entre Londres et la résistance. Ces codes sont échangés la plupart du temps en morse par des « opérateurs radio » avec des émetteurs clandestins. C’est également extrêmement risqué.

L’appareil qui permettait d’écrire en morse

Des équipes au sol

Une fois le message reçu, il faut réunir l’équipe de réception qui va récupérer les « colis » et les cacher en lui sûr. Ces équipes sont constituées de Résistants qui fonctionnent secrètement en réseaux. L’effectif est de 10 à 20 hommes à peu près. Ils agissent la nuit et sont en relation avec des gens susceptibles de cacher les armes et le matériel. La plupart du temps ce sont des paysans acquis à la cause.

Le chef du terrain adresse à l’avion une lettre en morse convenue à l’avance.

Certains des Résistants se placent en poste de garde pour la surveillance du terrain, d’autres se mettent en attente dans les taillis tandis que d’autres encore sont positionnés sur le terrain munis de lampes.

Les parachutes tombent du ciel. Il faut récupérer les containers et les compter.

Ils les allument dans un alignement précis à l’approche de l’avion. Parfois, les équipes au sol disposent de systèmes de communication un peu plus sophistiqués comme le S-phone ou la « Rebecca » qui permettent éventuellement d’échanger avec le pilote de l’avion.

Transport des containers de plus de 100 kg mesurant 1 m 50 et 50 cm de diamètre. Ouverts ils contiennent trois compartiments en forme de tonnelets.

Une fois l’opération terminée, toutes ces femmes et ces hommes continuent à mener tranquillement leurs activités quotidiennes, en évitant de trop se fréquenter pour ne pas éveiller les soupçons.

L’enfouissement des containers et des parachutes.

(Dessins de Claudel extraits de H-J Magog, La Résistance, récit d’une épopée, 1945)

 

Les « As » de la R.A.F

Les parachutages ne s’effectuent pratiquement que les nuits de pleine lune. Entre eux, les spécialistes parlent de « la lune de mai », « la lune de juin, « La lune a été pendant deux ans notre puissante déesse » a même dit un jour dit un pilote de la R.A.F (Royal Air Force).
Les avions décollent de Temsford, au nord de Londres. L’équipage doit découvrir le terrain, ce minuscule point géographique perdu dans l’immensité de la nuit.

A l’intérieur de l’avion, 7 aviateurs

Le pilote se dirige pratiquement « à vue d’œil » après avoir pris connaissance de la carte (au 1 500 000, le plus souvent) et bien fixé son cap. L’avion doit aussi éviter les tirs de D.C.A. (Batteries anti-aériennes de l’ennemi) situées généralement aux alentours des villes ou sur certains points stratégiques. Si bien que les pilotes choisissent de longer l’océan «et coupent au dernier moment vers leur objectif. L’eau, avec la mer, les fleuves, les rivières, représente le repère le plus fiable.

1943-1944 : les années fastes

A partir de fin 1943, les techniques se sont de plus en plus affinées. Le rythme des parachutages a aussi augmenté pour plusieurs raisons. D’abord, l’aviation Alliée a désormais largement pris le dessus sur la Luftwaffe et dispose pratiquement de la maîtrise du ciel. D’autre part, à cette époque, l’opinion française (celle des paysans, notamment) a beaucoup évolué. Une large Majorité n’a qu’une hâte : voir les nazis chassés de France.

Chute de containers
Une accélération à l’approche de la Libération

Ce climat favorise le développement de La Résistance et facilite des opérations clandestines comme les Parachutages. Cependant, pour une grande majorité, il n’est pas question de prendre des risques. Dans son ensemble, la population reste craintive, timorée. Les Résistants engagés sont très minoritaires. La réalité est fort éloignée du romantisme consensuel trop répandu aujourd’hui dans les romans ou les films sur cette période…

Le SOE à la manoeuvre

Le Special Operations Executive SOE, service secret britannique, est le principal organisateur des parachutages. Les services secrets de la France Libre dépendent d’ailleurs totalement de ses avions pour mener leurs propres opérations.
Le SOE envoie des agents secrets qui vont organiser des réseaux en France occupée et, par la suite, mettre en place les repérages et les équipes pour opérer les parachutages.

insigne SOE
Insigne du SOE

Dans le Gers, l’homme providentiel pour ces opérations et pour le développement de la Résistance était George Reginald Starr dont le nom de code était « Hilaire ». Entre 1943 et pendant les premiers mois de 1944, il fera notamment du Bataillon de l’ Armagnac, une des formations FFI (Forces Française de l’Intérieur) les mieux équipées du Sud-Ouest.

Chiffres

On considère aujourd’hui qu’il a été parachuté un total de 73 918 containers et 20 354 paquets sur le sol de France pendant la période allant de 1941 à fin 1944 pour un poids total de 10 485,5 tonnes de matériel fourni à la Résistance française.
Sur les 73 918 containers, 53 725 ont été livrés par la RAF (britannique) et 20 193 par l’USAAF (Etats-Unis) à la fin de la guerre.
Sur les 20 354 paquets, 10 125 ont été livrés par la RAF et 10 229 par l’USAAF.
Pour les 10 485,50 tonnes, elles sont réparties comme ci-dessous :
– 8 411,50 tonnes depuis l’Angleterre : 5680,50 T par la RAF et 2 731 tonnes par l’USAAF
– 2 074 tonnes depuis l’Afrique du Nord (principalement américaines) à partir de 1943

Un Halifax britannique et son équipage

Le Gers fut libéré le 20 août 1944 et le dernier parachutage d’armes et de matériel dans le département eut lieu le lendemain, 21 août 1944, dans le secteur de Saint-Clar. Il avait été annoncé auparavant sur les ondes de la « BBC » à Londres par le message: « Il nage comme un fer à repasser ».

Galerie médias

Parfois au bout du parachute : un agent secret