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MEILHAN

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MEILHAN

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Un aperçu du bas relief érigé sur les lieux du massacre

Le docteur Joseph Raynaud est la figure principale de l’épisode tragique du maquis de Meilhan au cours duquel lui même et 76 résistants seront massacrés par un détachement allemand, le 7 Juillet 1944. Docteur en médecine il était installé à Lombez (Gers) une bourgade située à une vingtaine de kilomètres de Meilhan où sa femme exerçait en tant que pharmacienne. En 1939 il est mobilisé en qualité de médecin lieutenant dans une unité de chars. Dès que la défaite est consommée, en 1940, il s’affiche comme un résistant de la première heure. En 1941, par exemple, il se fait remarquer pour ses prises de position hostiles à l’occupant nazi et au régime collaborationniste de Vichy dirigé par le Maréchal Pétain.

L’emplacement de la ferme de Larée

En 1944 il s’attache à recruter des volontaires pour constituer des unités sous le contrôle de l’AS ( l’Armée Secrète ), une formation paramilitaire des MUR, encadrée par des militaires ou d’anciens militaires favorables au général De Gaulle.
Après avoir changé plusieurs fois d’emplacement, son groupe finit par stationner entre Meilhan et Villefranche d’Astarac dans les fermes vacantes du « Priou » et de « Larée ».

Ce positionnement comme adversaire du gouvernement de Vichy crée des inimitiés à son égard dans la ville, à commencer par la municipalité nommée en octobre 1941. Il reçoit également et diffuse les feuilles clandestines du mouvement « Combat » en s’aidant d’un groupe de jeunes gens décidés. Mais des tracts manuscrits contre la Relève et la Nouvelle Europe collés sur les portes dans la nuit du 3 novembre 1942 met la gendarmerie sur les dents. Le 14 mars 1943, le docteur Raynaud est l’objet d’une perquisition domiciliaire et il est incarcéré à la prison d’Auch. Mis en liberté provisoire, il comparaît en justice pour « détention illégale de munitions de chasse » mais il bénéficie d’un sursis.
Malgré cette alerte, le Docteur Raynaud continue néanmoins son activité clandestine. C’est dans ce cadre qu’il reçoit la visite du Capitaine De Neuchèze, chef de la Résistance militaire « Armée Secrète » et voit régulièrement les responsables départementaux.

Portrait de Robert de Neuchèze
Le capitaine Robert de Neuchèze, membre de l’ORA

Resté sous surveillance policière, il est prévenu à mots couverts par un haut fonctionnaire de Préfecture qu’il serait plus prudent de « changer d’air ». Désormais, avec un de ses amis nommé Deltour il entre donc dans une vie clandestine, changeant fréquemment de refuge ou de cache. Il se consacre alors entièrement à la mise sur pied de petites unités de l’Armée secrète dans son secteur du Sud-Est du Gers. Ce secteur va de la vallée de la rivière Gers (qui donne son nom au département) à celle de la Save. Rapidement, dans un contexte ou le STO (service du travail obligatoire) encourage fortement la jeunesse à fuir ou à gagner les maquis, les volontaires se manifestent. Des parachutages clandestins, comme ceux qu’il reçoit les 6 et 12 mai 1944, ne permettront d’armer malgré tout qu’une partie des effectifs. Aussi, le 6 juin, jour du Débarquement allié en Normandie, le docteur ne rassemble-t-il qu’un petit nombre de volontaires armés, renforcé par un groupe venu de l’lsle-en-Dodon et emmené par Norbert Duffort. Le commandant Marcelin, de Gazaupouy, lui est adjoint au titre de conseiller militaire. Depuis le camp de Tachoires où il s’est d’abord installé, la maquis Raynaud se livre à des opérations de police. Puis, il se déplace, successivement à Moncassin, à Saint-Arroman d’où il se porte le 24 ou 25 juin à « Lasseube » entre Meilhan et Gaujan. Les effectifs grossissent tous les jours, sans toutefois pouvoir être armés convenablement. Le 3 juillet, le docteur Raynaud, entre en contact avec le Major américain Fuller qui lui promet un nouveau parachutage d’armes.

Carcasse de voiture après les combats
Les ruines et les décombres après l’assaut

Le but était vraisemblablement alors d’attendre ces armes. Mais la menace d’une attaque du maquis par les Allemands parvient à Joseph Raynaud par des voies diverses. Aussi, décide-t-il de faire mouvement. Dans la journée du 6, le gros du matériel est chargé sur un camion. Mais un détachement allemand venu de Lannemezan est déjà en marche et se dirige vers le maquis de Meilhan. A l’aube du 7, le maquis est cerné sur trois faces et pris sous le feu d’un ennemi très supérieur en nombre et en moyens. Le Docteur Raynaud succombe avec 76 autres maquisards. La plupart seront achevés et massacrés à l’issue des premiers combats.

Meilhan
La foule recueillie pour les obsèques des Résistants, le 10 Septembre 1944