Dans la clandestinité la plus totale, l’Armée Secrète (A.S) recrute des volontaires pour constituer en secret une formation militaire destinée à entrer en action au jour J. Son commandement est confié à Maurice Parisot, un gestionnaire de domaine agricole basé à Saint-Gô. Armé également en secret par des parachutages de matériel venu de Grande-Bretagne, le Bataillon de l’Armagnac voit le jour le 7 Juin 1944, soit le lendemain du Débarquement Allié en Normandie.
Chargé de harceler et ralentir l’occupant, le Bataillon se rassemble à Panjas.
Depuis plusieurs mois, Maurice Parisot, chef du Bataillon de l’Armagnac attendait ce moment : le message d’annonce du débarquement. Celui-ci arrive dès le 30 mai : » Il a une voix de fausset « , c’est le signal convenu ! C’est Jeanne, l’épouse de Parisot qui l’a capté dans le grenier de saint Gô. Depuis le début, malgré les dangers, Jeanne, a été le soutien actif et indéfectible de son mari.
Nous pouvons remarquer que la section F du SOE, avec laquelle travaille le Bataillon, est assez tôt alertée de l’imminence du débarquement de Normandie. Le général de Gaulle, lui, n’en sera informé que lorsque les premiers bâtiments auront pris la mer.
C’est autour de Panjas que le rassemblement du bataillon est prévu et c’est l’abbé Talès, abbé et Résistant, qui a obtenu l’assentiment des villageois. Il a organisé les cantonnements pour 500 hommes, 50 camions et voitures légères et 25 motos. Ce n’était pas simple et sans danger; il faudra toute l’autorité du curé et de l’officier pour convaincre suffisamment de personnes d’accueillir le maquis dans le village car, évidemment, les risques sont grands.
Le point de ralliement est situé au carrefour du Catalan, cinq kilomètres à l’est de la bourgade. Ce carrefour est situé sur une hauteur qui domine les vallées de la Douze et du Midou C’est un carrefour stratégique à l’échelle de l’Armagnac, au croisement des routes du Houga, Nogaro, Eauze et Cazaubon.
Mais il y a peut-être aussi y a-t-il quelque malice dans ce choix, puisque le Catalan serait le lieu du sabbat des sorcières d’Armagnac. . .
Au soir du 6 juin, c’est à partir de 6h que les unités doivent se présenter au Catalan où elles sont accueillies par Maurice Parisot, qui a revêtu son uniforme de capitaine d’infanterie coloniale. Son adjoint Henri Monnet est en tenue civile. Des guides qui vont mener les volontaires vers leur cantonnement.
Le 7 juin, il n’y a que trois compagnies de combat à Panjas : les 1 ère, 3 ème et 4 ème, avec un détachement de Républicains espagnols d’une vingtaine d’hommes, aux ordres du lieutenant Édouard Sonnes, instituteur à Aignan.
La 2e compagnie, commandée part le capitaine Paul Romain se forme près de Gabarret, dans les Landes, au Camp de la pluie de Lubbon.
C’est un endroit situé à une vingtaine de kilomètres plus au nord mais il est bien connu de Parisot et de ses adjoints puisqu’un fort réseau de Résistants landais y a réceptionné cinq parachutages d’armes pour le Bataillon.
Pour abriter le PC du Bataillon, l’abbé Talès offre rien de moins que son presbytère. L’effectif total est alors d’environ 500 volontaires. Parisot est obligé d’interrompre l’accueil des recrues car il veut disposer d’un outil qu’il puisse tenir dans sa main, bien armé, totalement motorisé et dont la logistique soit assurée. Ceux qui ne peuvent être incorporés sont mis sous la coupe des « sections sédentaires » qui reçoivent l’ordre dès ce premier jour de mener des actions « de police locale ».
Le bataillon est entièrement motorisé et tous les volontaires, y compris ceux des services, sont armés individuellement d’un pistolet mitrailleur ou d’une arme de poing. Ces caractéristiques sont exceptionnelles dans la Résistance et font du bataillon, dès cette date, une unité à part.
Au matin du 7 juin, le commandant du bataillon réunit ses compagnies sur la place du village. Il prend alors la parole devant ses hommes. Abel Sempé, qui deviendra rapidement l’une des figures du bataillon rapportera quelques années plus tard :
« Chacun de nous sent entrer en lui le regard passionné, étincelant de Parisot ; chacun de nous prend ce regard pour lui ; une sorte d’ivresse jamais ressentie plane sur la fantastique fantaisie vestimentaire qui enroule nos silhouettes ; blousons, shorts, pantalons de golf, pantalons de 14-18, vestes sans boutons, chaussures de tous azimuts ; mais cet aspect carnavalesque est dissipé par ces minutes fantastiques qui nous projetaient dans la pleine lumière après tant d’années de silence, de solitude et de frayeur. »
Pourtant, Parisot avec des accents « Churchilliens » annonce à ses hommes : « La seule chose que je puisse vous promettre, c’est une croix de bois plantée sur un tas de terre au bord de la route ».
Mais malgré la perspective toujours présente de la mort au combat, les volontaires sont portés par l’intensité de la période qui s’annonce.
Le bataillon peut passer à l’action.