Le bataillon de guérilla de l’Armagnac, nom officiel donné par les MUR (Mouvements Unis de Résistance) est le maquis emblématique de la Résistance gersoise par sa puissante contribution à la libération du département et du Sud-Ouest de la France.
Ce bataillon est une émanation de l’organisation de l’A.S (Armée Secrète). Il a pour vocation d’exercer au jour J « des actions de freinage sur les mouvements allemands ». Il s’agira également de protéger des terrains de parachutages en prévision d’une deuxième tête de pont éventuelle dans le secteur de Castex d’Armagnac lors des opérations de reconquête du territoire français par les Alliés( opération « Calife »).
Longtemps ignorée des historiens de la Résistance, l’histoire du Bataillon de l’Armagnac est inséparable de celle de son chef, le Capitaine Maurice PARISOT, qui a su l’organiser, le commander et lui donner véritablement une âme.
Cette histoire prend place au cœur de la Gascogne et s’étend de l’été 1941 à l’été 1944.
Le rassemblement des 570 premiers volontaires engagés a eu lieu à Panjas le 7 juin 1944.
En 1942 les responsables de l’A.S (Armée secrète) se mettent en contact avec Maurice Parisot, un lorrain établi avant la guerre en Afrique du Nord, qui s’est installé depuis 1941 dans le Gers. Il est ardemment résistant dans l’esprit et il travaille alors comme gestionnaire d’un domaine agricole. C’est le domaine de Saint-Gô, dans la commune de Bouzon-Gellenave, entre Vic-Fezensac et Nogaro.
Capitaine de réserve, il est chargé, par le chef départemental de l’A.S, le Capitaine Termignon, de constituer les bases d’une formation militaire sur le pays de l’Armagnac. Il est assisté de Henri Monnet, capitaine de réserve d’Artillerie, et par un militaire de carrière, Maurice Moreau qui deviendra un de ses adjoints. Les représentants locaux de « Combat », Abel Sempé et Jean Ducos, sont déjà en rapport avec lui. (« Combat » est le mouvement le plus important pour le Gers.)
Ensemble, ces hommes vont secrètement « recruter » des volontaires dont beaucoup, en attendant le jour J, stationnent dans les chantiers de jeunesse ou les chantiers forestiers de la région.
Le problème principal auquel Parisot et ses hommes sont confrontés c’est, bien sûr, la question de l’armement. Après l’armistice de 1940 et également après le franchissement par l’occupant de la ligne de démarcation (11 Novembre 1942), l’armée française a été quasiment dépouillée de ses armes.
Heureusement, un agent secret Britannique sévit dans la région et il fait « pleuvoir » des armes grâce à de nombreux parachutages (187 exactement en direction de bataillons et de groupes de résistance en Dordogne, Lot-et-Garonne, Gers, Landes et Hautes-Pyrénées).
Parisot le rencontre et grâce aux accords passés avec cet agent dont le nom de code est « Hilaire » (en réalité George Reginald STARR) dès le début de l’année 1944 le Bataillon de l’Armagnac est solidement armé.
Aussi le 7 juin au soir, au lendemain du débarquement allié en Normandie, 570 hommes sont déjà rassemblés à Panjas où les accueille l’Abbé Talès. Ce prêtre, ancien officier de la Grande Guerre, est acquis à la Résistance.
Autour du Capitaine Parisot un Etat-Major restreint s’établit. Il comprend son adjoint, le Capitaine Henri Monnet, Abel Sempé pour les transports, Maurice Moreau et Serge Taesch pour les reconnaissances, l’intendant Malandin, le Docteur Labarbe et le Docteur Dupuy.
Non loin de là, près de Gabarret dans les Landes toutes proches, des hommes se rassemblent également. Ils vont former la 2 ème compagnie du Bataillon.
Cantonnée au « camp de la Pluie » à Lubbon, elle est placée sous les ordres de Paul Romain, est rattachée au Bataillon qui, dès le 15 juin, comprend un effectif d’un millier d’hommes.
Cette situation permet au Capitaine Parisot d’entreprendre de nombreux coups de mains et de durs combats qui se dérouleront notamment à Lucbardez, Estang, Aire sur l’Adour et L’Isle Jourdain.
A Averon-Bergelle, au mois d’août, une formation du Lot -et-Garonne, encadrée par le Commandant Célerier de Sanoy et le Capitaine Gave, rejoint le Bataillon dont les effectifs dépassent alors les 1200 hommes.
Après la Libération du Gers à L’Isle-Jourdain, les 19 et 20 août 1944, le Bataillon est envoyé en Languedoc par le Commandant militaire de Toulouse, à la poursuite des garnisons Allemandes qui se replient.
Au retour, survient la nuit tragique du 5 au 6 septembre, au cours de laquelle le Capitaine Parisot est tué accidentellement sur le terrain de Francazal par l’atterrissage d’un avion militaire.
Le Capitaine Henri Monnet, son adjoint, prend alors le commandement du Bataillon qui comprend désormais 1800 hommes et qui s’appellera à compter du 12 septembre 1944, la « Demi-Brigade de l’Armagnac » (et ce, jusqu’au 31 décembre 1944). La Demi-Brigade de l’Armagnac quitte alors le Gers, pour une nouvelle mission à Bordeaux.
Le 31 décembre 1944, à l’occasion d’une prise d’armes à Saintes, en présence du Général De Larminat, Commandant les Forces Françaises de l’Ouest, la Demi – Brigade de l’Armagnac prend le nom de « Régiment PARISOT » et devient le 158ème Régiment d’Infanterie.
Commandé par le Lieutenant – Colonel Henri Monnet, avec comme adjoint le Lieutenant-Colonel Termignon et comme chef d’Etat-Major le Commandant Célerier de Sanoy, le 158 ème attaque les derniers retranchements ennemis en Charentes Maritimes.
C’est enfin la victoire avec des centaines de prisonniers, tandis que simultanément Berlin est tombé.
Source : Annuaire de l’Amicale du Bataillon de l’Armagnac 158ème R.I.