Hauts Lieux de Mémoire du Gers

Retour Retour à la carte

Les réseaux secrets

« Libération-Sud »

« Libération-Sud »

Les réseaux secrets

« Libération-Sud »

L'histoire Médias

Libération ou Libération-Sud est un mouvement de Résistance de la période 1940-1944 créé dans la zone non occupée (zone sud) sous l’impulsion d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie. C’est l’un des huit mouvements de résistance qui constitueront plus tard le Conseil national de la Résistance (CNR).
Le journal du mouvement portait le même nom : « Libération ».

L'histoire

De la « Dernière colonne » à « Libération »

Emmanuel d’Astier de la Vigerie

En octobre-novembre 1940, dans un café à Clermont-Ferrand, Emmanuel d’Astier de La Vigerie jette les bases d’un mouvement qui va s’appeler d’abord « la Dernière colonne ». Il est journaliste et il est entouré au départ de gens tels que Jean Cavaillès un philosophe, Lucie Bernard (future Lucie Aubrac) une universitaire et historienne ou Georges Zérapha (fondateur de la LICRA et engagé contre l’antisémitisme dès les années 1930).

Autour de ce noyau viennent s’agréger d’autres hommes et d’autre femmes provenant de milieux divers, marqués notamment par un engagement antérieur dans la construction du Front populaire ou dans le mouvement syndical. Ancré à gauche, le mouvement reste un agrégat de sensibilités diverses.

Lucie Aubrac
Lucie Bernard, que l’histoire retiendra sous le nom de Lucie Aubrac

Un des traits particuliers de « Libération » est le rassemblement dans un même mouvement de résistance de militants issus de la CGT, de la CFTC, d’intellectuels, de militants de gauche sans appartenance partisane, ou des membres d’un des deux grands partis du Front populaire, la SFIO. À partir de 1942, de nombreux communistes entrent même dans le mouvement .

Un journal comme fer de lance

Au printemps 1941, le mouvement travaille à la conception d’un journal. Il est lancé en juillet 1941  sous le nom de « Libération » qui va aussitôt donner son nouveau nom à ce mouvement de résistance. Il tire à 10 000 exemplaires pour le premier numéro. Plus tard, il va atteindre des tirages de 200 000 exemplaires et va devenir le second journal clandestin le plus diffusé de zone sud après « Combat ». Le journal est la colonne vertébrale à partir de laquelle va rapidement s’organiser l’activité du mouvement.

L’évolution de « Libération ». A gauche le N°1 en 1941. A droite un tirage de 1943

Du journal à l’action

L’organisation se structure en 7 régions qui couvrent l’ensemble de la zone sud. Parmi elles, deux sont particulièrement fortes : la région 3, autour de Lyon, nœud central du mouvement, et la région 6, autour de Toulouse.

Au départ, l’action se concentre sur différents points . Plus précisément, voici comment Emmanuel d’Astier de la Vigerie définit le cadre de l’action dans un document de 1942 intitulé Rapport AX.O3, « Organisation générale des secteurs »:

-Instruction : l’instruction de sabotage, l’instruction d’armement est faite dans les groupes par eux-mêmes.

-Renseignements : le renseignement est fait par tous à l’échelon régional si possible ; il est étudié avant transmission.

-Groupes francs : dans chaque région, petites actions brutales contre des permanences d’organisation fascistes, des journaux ou des individus adversaires.

-Thèmes généraux de l’action politique

1. Paralysie des organismes politiques : sabotage insaisissable, sabotage brutal, ralentissement du travail ou grève partielle.

2. Manifestations contre les mesures prises dans le gouvernement de Vichy au profit ou sur l’ordre des Allemands :

a. Mouvements de rue : manifestations, cortèges de femmes…

b. Grandes manifestations : 14 juillet ; 11 novembre… en coordination avec les autres mouvements de résistance, et éventuellement le Parti communiste.

c. Protection et mise à l’abri des Juifs menacés : préparation des mesures générales à prendre contre le travail forcé.

Action militaire et reconnaissance

Raymond Aubrac, chargé de la branche militaire

En 1942, une branche militaire du mouvement est finalement créée et confiée à Raymond Aubrac. C’est la même année, en mai, qu’Emmanuel d’Astier rencontre le général de Gaulle à Londres. Plus tard, en novembre 1943, le général choisira d’Astier comme commissaire à l’Intérieur. Cette nomination donnera au mouvement « Libération » une forte reconnaissance et renforcera son influence, quelques mois plus tard encore, au sein du Conseil national de la Résistance.

A la même période, dans le cadre d’une dynamique de regroupement des mouvements de la Résistance et sous l’impulsion de Jean Moulin, l’envoyé de De Gaulle, « Libération » se groupe avec les autres mouvement de résistance en zone Sud, « Combat » et « Franc-Tireur », pour former les Mouvements Unis de Résistance (MUR).

À la libération de la France, en août 1944, le journal paraît librement et devient quotidien. Il cesse sa parution en 1964. Puis, en 1973, le titre est relancé par le philosophe Jean-Paul Sartre et par Serge July. C’est le journal « Libération » que nous connaissons aujourd’hui.