Pendant l’occupation, les FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée) jouent un rôle essentiel au sein de la Résistance. Ce sont des étrangers affiliés au mouvement des FTP communistes qui ont, à partir d’avril 1942, conduit la guérilla dans les grandes villes de France contre l’ occupant nazi. Ils pratiquent des sabotages ou, notamment, des actions dures comme des exécutions d’officiers allemands. Parmi eux beaucoup de jeunes gens ou des anciens Brigades Internationales qui ont combattu en Espagne et sont plus expérimentés. Enzo Lorenzi, présent aux combats de Castelnau sur l’Auvignon en Juin 1944, était l’un deux, membre de la 35 eme Brigade basée à Toulouse.
Les FTP-MOI sont issus de la main d’œuvre immigrée mise en place par les organisations communistes dès les années vingt. Les FTP- MOI. Beaucoup de nationalités sont représentées au sein des FTP-MOI : Roumains, Arméniens, Italiens, Espagnols… Les membres du mouvement partagent une même culture politique, le marxisme- léninisme, et obéissent éventuellement à des directives transmises depuis Moscou. L’organisation est bien installée à travers le territoire. Quatre branches se partagent la responsabilité des opérations de sabotage conduites d’un bout à l’autre du pays.
En région parisienne, le groupe de Missak Manouchian, dans le Sud- Ouest toulousain, la 35 ème Brigade de Marcel Langer, la compagnie Marat à Marseille, le groupe Carmagnole- Liberté dans le Lyonnais. A Paris sous le commandement de Missak Manouchian, arménien, puis de Boris Holban, émigré juif qui a fui la Russie, les groupes FTP-MOI commettront 229 actions contre les Allemands, de juin 1942 jusqu’à leur démantèlement (par la police française) en novembre 1943.
La plus retentissante de leurs actions est l’assassinat, le 28 septembre 1943, du général SS Julius Ritter, qui supervise le Service du Travail Obligatoire (STO), responsable de l’envoi en Allemagne de centaines de milliers de jeunes travailleurs français.
L’affiche rouge est sans doute le symbole le plus célèbre de l’engagement et des sacrifices des FTP-MOI dans la Résistance. Suite à une trahison, le groupe parisien dirigé par Missak Manouchian, écrivain et intellectuel arménien, est arrêté par la police française le 16 novembre 1943, à Évry Petit-Bourg, sur les berges de la Seine. Livrés à la police militaire allemande, Manouchian et 23 de ses camarades sont jugés devant la presse collaborationniste qui s’appesantit sur leurs origines étrangères et leur « cynisme ». La propagande allemande fait placarder sur les murs de la capitale une affiche rouge avec les portraits des « terroristes ». Vingt-deux d’entre d’eux sont exécutés le 21 février 1944.
Depuis le 27 mai 1941, le Parti communiste développe un mouvement de résistance, le Front national de lutte pour l’indépendance de la France (FN). Il est actif tant en zone non occupée qu’en zone occupée. Son manifeste de création s’adresse à « tous ceux qui veulent agir en Français, sauf les capitulards et les traîtres ».
A partir de l’été 1943 les Francs Tireurs et partisans Français (FTPF ou FTP)) sont « les soldats » du FN.
Dans le Gers la figure centrale du FN, en 1944, est Félix Roux, instituteur détaché à l’orientation professionnelle, participant activement à la création du Comité départemental de libération (le CDL).
C’est Charles Berckmoes, arrivé dans le Gers en mars 1943 après avoir exercé des responsabilités au PCF à Lille, qui met en place les FTP en tant que représentant du FN.
L’organisation des comités inter-régionaux et départementaux en triangles (commissaire politique, militaire et aux effectifs) occupe l’année 1943.
Auch, Miradoux,, Vic-Fezensac, Mirande, Larroque-sur-Losse ,Jegun, Gondrin vont constituer autant de points d’appui pour des groupements FTP dont le mal endémique avant la Libération est le manque d’armes.
André Charles, sous le pseudo de « Gaston » est une des figures marquantes dans l’ouest du Lot-et-Garonne et le Gers. Notons aussi l’action d’Edmond Castéra, créateur des comités de défense et d’action paysanne(CDAP) pour contrer la Corporation paysanne vichyste, saboter les réquisitions allemandes et ravitailler les maquis FTP.
Dans la préparation de la libération d’Auch et d’Aire/Adour, les FTP seront chargés de s’opposer à la venue de renforts ennemis. Les jeunes allant volontiers vers les FTP, le bataillon « Gaston » et le bataillon Georges Moudens entreront respectivement au 14ème RI de Toulouse et au 1er régiment du Gers.
Les FTP- MOI ( Main d’œuvre immigrée) sont issus des groupes de langue formés par la CGTU (une organisation syndicale liée à l’internationale communiste) et le parti communiste pour organiser les travailleurs étrangers et réfugiés politiques arrivés en nombre durant l’ entre-deux-guerres. Ils sont renforcés par les anciens des brigades internationales qui avaient agi pendant la guerre civile en Espagne. Souvent autonomes, toujours peu nombreux mais déterminés, les FTP-MOI sont formés à la guérilla urbaine dès le printemps 1942. A Toulouse, c’est la 35e brigade Marcel Langer qui mène la lutte contre l’occupant et ses soutiens.
La 35 ème Brigade FTP-MOI (à ne pas confondre avec la 35 ème Brigade de guérilleros espagnols) est commandée par Mendel Langer, dit « Marcel Langer ». C’est un Polonais d’obédience juive. Sous ses ordres, le groupe va mener de nombreuses actions de résistance contre l’occupant en ville et dans toute la région. « Marcel Langer » est arrêté le 5 février 1943 et, à la suite d’un procès retentissant il est accablé par Pierre Lespinasse, l’avocat-général d’une des « sections spéciales » chargées par le gouvernement français de Vichy de réprimer la Résistance. Pendant le procès, Lespinasse prononce une phrase qui envoie Marcel Langer à la mort : « vous êtes juif, polonais et communiste… Voilà trois raisons pour que vous soyez exécuté ». Langer est guillotiné le 23 juillet 1943 à la prison Saint-Michel de Toulouse. Mais cette phrase signe également l’arrêt de mort de son auteur. La 35e brigade, rebaptisée aussitôt « Brigade Marcel Langer » exécute, l’avocat-général Lespinasse en pleine rue le 10 octobre 1943.
C’est un détachement de cette brigade qui participe aux combats de Castelnau-sur-L’Auvignon sous le commandement de Enzo Lorenzi dit « Robert le blond ».
Biblio : J. Fitan et P.Léoutre, Le Gers en Résistance1940-1945,ed., Bod, 2020.
A noter que Raymond Levy, membre de la 35eme brigade à l’âge de 18 ans, alias « Jeannot », est le père de l’écrivain Marc Levy (voir « Les enfants de la Liberté », éditions Éditions Robert Laffont, Paris, 2007). Son histoire et celle de son frère est mentionnée dans « Le train fantôme », épisode de l’émission de France inter Affaires Sensibles.