Hauts Lieux de Mémoire du Gers

Gabriel Plazuelo Expósito

L'histoire complète

Gabriel Plazuelo Expósito

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1 – TÉMOIGNAGE DE JAIME MASSIP
(Sur la mort du commandant Plazuelo)

2 – RELATION DE L’ÉVENÈMENT PAR GUY LABEDAN

 

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1 – TEMOIGNAGE DE JAIME MASSIP

« […] je formais des groupes de guérilleros espagnols […]
A partir de mars 43, j’étais responsable d’un groupe de 9 hommes qui a participé aux sabotages notamment des lignes électriques de Vic à Lupiac et de Vic à Auch. J’ai appartenu aux guérilleros espagnols et au bataillon Armagnac. Au mois de mars 1944, mon chef était DIAZ José. PLAZUELO Gabriel était le chef militaire des groupes de guérillerosdu Gers et je fus désigné comme son adjoint. C’est lui qui avait le contact direct avec le colonel PARISOT.
Avec le commandant PLAZUELO, le 7 juin 1944 nous avons mobilisé autour de 400 hommes du département qu’on formait dans des maquis. Le 8, lui et moi avons visité les maquis de la route nationale à Auch et l’Isle de Noé. Nous avons participé avec une équipe mixte, français et espagnols au sabotage du pont de chemin de fer de Mirande, quand les Allemands occupaient la gendarmerie de Mirande. Le 9, nous avions mission de regagner St Maur pour nous entretenir avec le colonel SOULES et avec son agent de liaison (Labriffe) de Mirande. Quand nous sommes arrivés à 300 m du maquis nous avons été pris par les S.S. Allemands qu’ils étaient en train d’attaquer. Le commandant PLAZUELO a essayé de fuir et il a été assassiné devant nous».

Tiré du mémoire de maîtrise de Christian PIERDONA
« Les réfugiés espagnols dans le département du Gers »
Université de Toulouse, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, 1973, p. 203-204

 

 

2 – RELATION DE L’ÈVENÈMENT PAR GUY LABEDAN

Le 8 juin 1944, les Alliés ayant débarqué en Normandie 2 jours avant, les forces de la Résistance s’emploient activement à exécuter les plans prévus par l’État-Major français en liaison avec le Haut commandement allié : sabotages et harcèlement des troupes d’occupation. C’est dans le cadre de ces missions que des éléments du Bataillon Soulès « Salon », Compagnie Sahuc « Mars », ont été placés au lever du jour sur la N 21, en haut de la côte de Saint-Maur, prêts à attaquer tout convoi ennemi venant de Mirande ou de Tarbes.
L’affrontement a lieu en fin de journée à la nuit tombante ; une forte colonne motorisée allemande arrivant de Mirande est annoncée par le chef Larcade, venu reconnaître de nouveaux emplacements pour sa compagnie. Quand sont apparus les véhicules de tête, un maquisard a dégoupillé une grenade, suivi par ses camarades qui ont fait feu de toutes leurs armes. Les Allemands surpris mettent pied à terre, tout en tiraillant, entreprennent de tourner leurs assaillants par le village de Saint-Maur. Mais c’est la nuit et ils préfèrent renoncer à l’opération, le maquis ayant d’ailleurs déjà vidé les lieux sans pertes. Aussi, la colonne retourne-t-elle ses camions et s’en revient à Mirande où elle va passer la nuit.
Une autre compagnie commandée par le lieutenant Hoffalt « Ramsès II », cantonne dans les bois, à la limite des communes de l’Isle-de-Noé et d’Estipouy. Elle a eu dans la journée la visite du commandant Plazuelo, chef des guérilleros espagnols et de son second Jaime Massip , venus traiter des questions concernant leurs compatriotes incorporés dans ce maquis. Le lendemain matin, le taxi Labriffe de Mirande, qui assure les liaisons de la Résistance, les prend à son bord pour les transporter au P.C. Soulès à Saint-Maur. Les évènements de la veille au soir sont ignorés. Par contre, Labriffe sait que les Allemands sont à Mirande ; aussi prend-il des chemins de campagne permettant d’atteindre Saint-Maur. Passé par Saint-Martin, il approche de la ferme Latterrade quand il est assailli par un groupe d’Allemands qui le font stopper et lever les bras. Il s’agit d’éléments de la colonne repartie de Mirande, laquelle parvenue à Saint-Maur s’est mise à la recherche du maquis. Les 3 hommes sont fouillés puis conduits vers la grand route. Jouant le tout pour le tout, Plazuelo tente de s’échapper en se lançant dans une pente. Mais tiré de toutes parts, il s’écroule avant d’avoir pu gagner un couvert. Ses compagnons sont amenés à Tarbes : Labriffe est relâché mais Massip est déporté (rentré).

Guy LABÉDAN, « Lieux de mémoire de la 2ème Guerre Mondiale dans le Gers », Publication de la Chambre d’Agriculture du Gers, 1992, p. 21