L’ORA est l’Organisation de Résistance de l’Armée créée le 31 janvier 1943 à la suite de l’invasion allemande en zone « libre » en novembre 1942. Organisation se voulant apolitique elle regroupe d’anciens militaires français déterminés à résister de façon active contre l’occupant de la France mais qui n’ont pas rejoint le Général De Gaulle.
Elle recrute en premier lieu des cadres officiers et sous officiers mais aussi parmi les démobilisés de l’armée d’armistice ou les chantiers de jeunesse.
Son organisation la plus importante en 1943-44 est le Corps franc des Pyrénées (ou Corps Franc Pommiès) dirigé par André Pommiès capitaine de la 5e Compagnie du 18e RI à Pau, au sein de l’Armée d’armistice.
Au lendemain de la défaite et de la signature de l’armistice l’Armée française est réduite à un corps de 100 000 hommes en métropole. Un certain nombre d’officiers considère néanmoins que tout n’est pas perdu. Pour eux, les forces de l’empire sont intactes et la reconquête de la France avec l’appui des alliés reste possible. Dès juillet 1940 certains services pensent donc déjà à préparer la revanche.
L’ORA est fondée par le général Frère en novembre 1942. On notera que c’est ce Général qui préside le tribunal qui condamne de Gaulle à mort par contumace en août 1940.
La première action de l’ORA consistera à cacher le maximum de matériel militaire pour le soustraire à la vigilance des forces d’occupation. Ensuite, il s’agira pour cette organisation de regrouper clandestinement des formations militaires. Le Corps Franc Pommiès (CFP), dans le sud-ouest, est une émanation exemplaire de l’ORA.
En raison de son origine « militaire », l’ORA a également été désigné sous le nom d’A.R. (Armée régulière). Pourtant, ce mouvement recrute à la fois dans l’Armée dissoute et dans la population. Du fait de ses origines, le CFP est particulièrement riche en petits cadres issus des pelotons d’instruction. Ceux-ci ne rencontrent guère de difficultés pour constituer des groupes à base de jeunes qui, pour la plupart, n’ont jamais revêtu l’uniforme mais sont stimulés par les faits d’armes.
Dans la phase militaire de la Résistance, l’ORA, à travers le CFP sera articulée en unités de guérilla et de destructions essentiellement mobiles. Son armement proviendra également des parachutages reçus dans la région de Lectoure et de Seissan.
Tout au long de 1943, le développement pris par ce mouvement militaire en zone sud doit essentiellement au sérieux de ses chefs mais aussi à ses bonnes relations avec l’organisation des Mouvements unis de Résistance et leur force armée, l’Armée secrète (AS). Une alliance est même mise en place.
Si cette alliance AS-ORA sous commandement unique ne dure qu’un temps, les rapports entre les deux mouvements demeureront empreints de cordialité dans l’ensemble. Mieux, dans le Gers, sur le secteur de Lectoure attribué au sous- lieutenant Magne, la séparation avec l’AS entamée en septembre 1943, ne modifie pas l’accord initial : au 6 juin 1944, le chef militaire de la compagnie de Lectoure, l’adjudant Delabre est assisté d’un « chef » civil, Théodore Cantaloup, le maire de Saint-Mézard.
Au sud de la Loire, l’ORA est développée là où stationnaient les unités de l’Armée d’armistice avant sa dissolution. Elle y effectue une série de sabotages (dynamitage de ponts, obstructions des routes, destructions de dépôts de carburants) afin de retarder la montée des renforts allemands vers le front de Normandie et de braquages destinés à financer la Résistance.
Le plus connu et le plus fructueux est celui du train de Neuvic. Ce train transportait vers Bordeaux occupée les fonds de la Banque de France. L’attaque a lieu le 26 juillet en coordination avec l’Armée Secrète et elle rapportera 2280 milliards de francs de l’époque.
Au départ, l’ORA reconnaît le général Giraud comme son chef nominal. Puis elle fusionne en février 1944 avec l’Armée secrète (AS) et les FTP (Francs Tireurs Partisans) pour former les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) tout en conservant son autonomie.
l’ORA participe aux combats de la Libération soit avec ses propres forces (corps franc Pommiès, brigade Charles Martel, 1er RI.), soit en fournissant des cadres aux maquis ou en participant au commandement des opérations (Vercors, Région R2, Division Légère d’Auvergne). Les exemples cités ne sont qu’un aperçu de l’action de l’ORA sur l’ensemble du territoire.
L’Organisation de résistance de l’Armée paiera un lourd tribut dans cette guerre sans merci : plus de 1600 hommes seront tués au combat ou fusillés, dont 327 officiers et sous-officiers, et plus de 850 de ses membres seront déportés, dont 360 ne reviendront pas.
L’ORA est évidemment traquée par la Gestapo et le Général Frère, le fondateur de cette armée clandestine, est arrêté par les Allemands en 1943. Déporté il meurt au Struthof le 13 juin 1944. L’ORA est ensuite dirigée par le général Verneau qui est arrêté à son tour le 23 octobre 1943 et mourra en déportation à Buchenwald le 14 septembre 1944. C’est enfin le général Revers qui prend les commandes avec pour adjoint le général Brisac.