Hauts Lieux de Mémoire du Gers

Parisot Maurice  (Caillou)

L'histoire complète

Parisot Maurice (Caillou)

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MAURICE PARISOT RACONTÉ PAR SA FILLE FRANÇOISE

Mon père avait du caractère

Maurice Parisot, mon père, est né le 26 septembre 1899 à Bar Le Duc.
Je me souviens qu’on m’avait raconté qu’à son arrivée à Nancy, à l’âge de la classe maternelle, il ne supportait pas qu’on l’empêche de chanter quand il en avait envie ! Sinon cela pouvait provoquer des drames… Il avait donc, déjà, du caractère.
Enfance passée à Nancy études au lycée. Très studieux, pendant les vacances à Tonnoy, il aidait les paysans et partageait leurs repas.
Il aimait dessiner et dessinait des petits soldats notamment, des équipages tirés par des chevaux. A Tonnoy (maison de ma grand-mère Parisot) il avait peint une fresque sur le haut des murs de la salle à manger.
Les deux frères Parisot, Robert et Maurice, n’étaient pas toujours des anges et faisaient des bêtises sévèrement punies …
Il passe son baccalauréat à 17 ans et avec l’autorisation de son père s’engage à la guerre en 1917. Il achève la première guerre mondiale comme sous-officier et participe comme aspirant à l’occupation de l’Allemagne pendant 3 ans. Il est ensuite démobilisé avec le grade de sous-lieutenant. Puis Il est promu officier à son retour. Il est donc resté 5 ans dans l’armée.

La vie active

En 1922 à son retour, après des hésitations et par la suite des regrets de la part de son Père, il entre à l’école des Roches, alors école d’Agriculture innovante, créée à l’initiative de Georges Bertier son oncle.
Puis il effectue plusieurs stages, à partir de 1924, en Lorraine, dans la Beauce et le plus important, pour la suite, il est gérant de la propriété de Georges Monnet. dans l’Aisne , dans le Soissonnais.
Il part ensuite pour l’Afrique du nord et, entre 1932 et 1936 il est en Tunisie. Tout d’abord il est adjoint du gérant de la propriété du Minchar (3000 hectares) aux environs de Madjez-el-Bab ( je crois ). Puis en 1933 , jusqu’en 1936, il prend la gérance de L’Oued Tessa (1300 hectares) près du Kef. Ces propriétés appartenaient aux « Fermes françaises de Tunisie » dirigées par monsieur Saurin.
En septembre 1933 il épouse Jeanne de Place fille de Guy de Place, centralien, industriel à Vieux Thann, Haut Rhin, et d’Hélène Duméril.
Le 9 février 1935 nait Anne Marie Françoise Parisot. C’est à dire moi.
En 1936 il est appelé par Georges Monnet, nommé Ministre de l’Agriculture, pour participer à la fondation de l’Office du Blé en Algérie, Tunisie et Maroc. Il est alors nommé « Délégué de l’Office du Blé pour l’Algérie, la Tunisie et le Maroc » mais il s’est particulièrement occupé de l’Algérie dont le gouverneur était Lebeau (que mon Père appréciait). Le sous directeur de l’Office du Blé était Layellon. Le résident Général du Maroc était Noguès.

La guerre

Lors de la première mobilisation de 1938 , il est appelé sous les drapeaux à Mars La Tour en Lorraine, puis démobilisé après les accords de Munich.
Il reprend alors ses activités pendant un an à l’Office du Blé.
Capitaine d’infanterie de réserve en novembre 1938,il est rappelé sous les drapeaux en 1939 et envoyé en Corse, ce qui le rend furieux… D’abord à l’État-Major de la 44e division d’infanterie. Il redemande le front, mais en avril 1940 il est « seulement » envoyé à l’Etat Major du général Noguès au Maroc du fait de ses connaissances et des compétences dont il dispose en ce qui concerne les problèmes agricoles algériens. Le 25 juin 1940, c’est l’armistice
Avant l’attaque Britannique préventive de Mers El Kebir contre la marine française (alors sous les ordre du gouvernent de vichy), il prend connaissance, dans le cadre de son travail à l’Etat-Major de deux télégrammes des renseignements secrets qui précisent que si la flotte ne passe pas à la Grande Bretagne, les anglais seraient prêts à faire « un coup de main ». Il est, à ce moment là, en train de réfléchir à l’hypothèse de passer en Angleterre pour combattre. Mais, suite à la réception de ces télégrammes, il renonce de peur d’avoir un jour à se battre contre des français.
Parallèlement, il intervient auprès de l’administration de Vichy pour que le gouvernement rejoigne l’Algérie afin de continuer la lutte.
Il est finalement relevé de ses fonctions en novembre 1940.

Vers la France

En 1941, par l’intermédiaire d’Henri Monnet, Mr Frick président de la SOFINCOM demande à Maurice Parisot d’être « prête nom » pour acheter une propriété à Saint Gô, dans le Gers (les Sociétés n’avaient plus le droit de posséder des propriétés agricoles à l’époque).
Nous partons donc et nous nous installons à Saint Gô fin juin 1941.
Mon père gère alors les cinq propriétés de Jean Brueder (Flodor Arches Vosges), trois propriétés appartenant à la famille de Place en Dordogne (Le Châtenet, Bordas et une autre (une au nom d’Anne Marie de Place, une au nom d’Etienne de Place et une au nom de Jeanne Parisot : le Châtenet) et, égalemnt, une propriété dans le Tarn et Garonne dont le nom du propriétaire n’a pas été retenu et encore une propriété appartenant à un propriétaire vivant en Algérie. Toutes ces gérances lui permettaient de circuler officiellement dans le Sud Ouest.

L’appel du destin

C’est alors qu’à commencé la période des rencontres qui allaient sceller son destin dans la Résistance. Pour cette phase précise, je n’ai évidemment pas de souvenirs puisque j’étais trop jeune pour comprendre. Les renseignements les plus précis sont dans le livre écrit par Jacques Lasserre : « Le Bataillon de l’Armagnac », aux éditions Privat. De mon côté, les seules choses dont je me souvienne sont celles-ci :
Saint Gô, notre maison, est brûlé par les allemands le 3 août 1944. Je me souviens également que l’on m’a raconté, plus tard, que le message du SOE pour le rassemblement des hommes le 6 juin était « doux comme un agneau »…
Je vois mon Père pour la dernière fois dans la nuit du 16 au 17 août 1944 lors d’un parachutage chez Jean Ducos à Bouzon. Ensuite, il disparaît dans la nuit noire de l’aéroport de Francazal à Toulouse… Cette nuit du 5 au 6 septembre 1944, comme le reste de mes souvenirs d’enfant sont demeurés ancrés pour toujours dans mon esprit.

Anne Françoise Parisot

 

LE DESTIN GLORIEUX ET TRAGIQUE DE MAURICE PARISOT

Ses sentiments patriotiques étant connus dans l’Armée de l’armistice, il est en mars 1943 contacté par le lieutenant Puga et le sous-officier Guenet, établis à Manciet, pour entrer à l’O.R.A (Organisation de Résistance de l’Armée). A cette époque-là, la Résistance gersoise, qui relève de l’organisation « Combat » et constitue l’A.S. ou « Armée Secrète » fait alliance avec les militaires de l’O.R.A, qui ont pour chef le Capitaine De Neuchèze de l’ex 2ème Dragons. Mais l’entente ne durera pas. A Nogaro, l’A.S. est représentée par le garagiste Louis Dalès. Alors que déjà les dissensions apparaissent entre les deux mouvements, celui-ci se tue à motocyclette le 8 septembre 1943. C’est alors que le Capitaine Termignon, chef départemental de l’A.S. désigne Maurice Parisot pour le remplacer, lequel va élargir ses contacts avec la Résistance locale et notamment dans la région d’Aignan.
En avril 1944, Parisot se voit confier par le Directoire départemental des M.U.R. « Mouvements Unis de la Résistance », la constitution d’une force militaire dans l’Ouest du département qui va prendre le nom de Bataillon de l’Armagnac.