Ernest Vila (7 Juillet 1898 – 21 Décembre 1950) est un instituteur originaire de Auch qui fait partie des premiers résistants du département. Avec Fernand Mauroux, Jean Bourrec, Georges Daubèze ou Louis Villanova il constitue dès Novembre 1940 le premier noyau de résistance à Auch et dans le Gers. Plus tard il deviendra pour le département le responsable des MUR (Mouvements Unis de la Résistance) ainsi que le président du Comité départemental de Libération.
Titulaire du Brevet supérieur pour l’Enseignement primaire, obtenu à l’École normale d’Auch le 28 mars 1917, il s’engage peu après au 14e R.l. de Toulouse.
Au front, il est cité à l’ordre du Régiment, puis du Corps d’Armée pour sa conduite exemplaire au feu. Revenu à la vie civile, il est nommé instituteur à Saint-Clar (Gers).
Itinéraire du chef départemental de la Résistance
À la veille de la guerre de 1939, il exerce ses fonctions à l’École d’Application de la rue de Metz à Auch. Vila a formé avec Mauroux et Daubèze, le premier noyau de résistance à Auch et dans le Gers, affilié au mouvement « Liberté », fondé par François de Menthon. Les consignes d’action données par la feuille clandestine de même nom sont suivies. Grand sportif, Vila et quelques prosélytes tracent de nuit, à la craie, des « V » surmontés de la croix de Lorraine, sur les murs des bâtiments publics, les boîtes aux lettres, les poubelles. En novembre 1941, il fait partie de l’équipe qui doit réceptionner un parachutage prévu à Saint- Jean-le-Comtal mais l’avion est vainement attendu. Son appartenance à la loge maçonnique « Les Cadets de Gascogne » d’Auch, qui le compte parmi ses dignitaires, étant découverte, Vila est révoqué de l’Enseignement en décembre 1941. Il trouve alors à s’employer, comme administratif, à la carrosserie Dubosc, route d’Agen à Auch. C’est là qu’il reçoit les délégués cantonaux de l’organisation « Combat » qui a pris la suite de « Liberté ». L’invasion de la Zone Libre par les Allemands, le 11 novembre 1942, détermine Vila à choisir la clandestinité d’autant qu’à mi- année, la Direction régionale de « Combat » l’a désigné comme chef départemental du mouvement. Il devient l’hôte à ce moment-là d’Alexandre Baurens à Beaucaire-sur-Baïse, agriculteur à «la Tuilerie», d’où il va désormais diriger la Résistance gersoise, devenue les M.U.R. (Mouvements Unis de la Résistance) grâce à un réseau d’agents de liaison dont le gendarme révoqué Thos. Il y reçoit la visite de Jean Bourrec, resté en fonction à Auch, en fait la cheville ouvrière du mouvement de par sa qualité de secrétaire général des M.U.R. Pour l’ensemble des résistants, Vila est «Vannier», qui signe les notes les plus importantes et prend les décisions engageant la Résistance. La Police allemande ayant fait des coupes sombres dans les organisations de Résistance en novembre et décembre 1943 et sa résidence du moment risquant d’être repérée par la Milice, Vila doit trouver un autre logeur. Il apparaît, d’autre part, du fait des grands événements qui se préparent, que son rapprochement d’Auch est nécessaire. Vers le 10 février 1944, il s’en vient à Pessan, chez Auguste Sempé tout en se rendant périodiquement à Auch pour rencontrer les responsables des services, Il n’est pas touché par la rafle du 10 mars 1944 mais doit procéder à une nouvelle répartition des fonctions. Il lui appartient de mettre sur pied le futur Comité Départemental de Libération, avec la participation des responsables politiques et syndicaux, en conformité des statuts arrêtés par le Conseil National de la Résistance le 25mars 1944. Le 23mai 1944, il informe M. Dechristé de sa nomination comme Préfet du Gers à la Libération du département. Il procède par ailleurs aux nominations des chefs militaires qui entreront en action lors du débarquement allié. Lorsque celui-ci a lieu, le 6 juin 1944, et de jour en jour, Vila voit son autorité renforcée alors que le pouvoir vichyste chancelle. Le 8août 1944, il préside la première réunion du Comité départemental de la Libération au Château de «La Trouquette » à Pessan. Les événements se précipitant, il s’oppose à l’ordre donné par le commandement régional FFI d’attaquer les Allemands dans la place d’Auch et arrête avec le chef départemental Lesur un plan d’investissement de la ville qui n’aura d’ailleurs pas à être exécuté car les Allemands partent d’eux-mêmes le samedi 19 août après-midi. Dans la nuit qui suit, il signifie au Préfet de Vichy, Pierre Caumont, sa destitution. La légalité républicaine rétablie, Vila continue d’assurer la présidence du CDL (Comité départemental de Libération) jusqu’au remplacement de celui-ci par le Conseil Général, issu des élections des 23 et 30septembre 1945. Il a été réintégré symboliquement comme instituteur à l’École de la rue de Metz le 2 octobre 1944 et promu à la classe exceptionnelle de l’emploi. Mais en avril1946, tout en continuant de dépendre de l’Éducation Nationale, il est nommé en qualité d’inspecteur de l’Éducation Physique et des Sports à la Direction départementale du Gers. Il en devient peu après le chef de service. Membre du Parti socialiste S.F.l.O. avant-guerre, mais sans activité réelle, Vila avait donné son adhésion au Parti communiste français au cours d’une réunion publique tenue le 14mai 1946 au théâtre municipal d’Auch, « convaincu de mieux servir la République et la France ».
Source Guy Labedan. Le Gers. Dictionnaire biographique. SAHG.