Dans les semaines qui suivent la défaite française, partout en France, des femmes et des hommes vont déjà entrer mentalement en résistance. A Auch, la capitale du Gers, un groupe en particulier va se former naturellement lors de conversations dans un café ( chez Daroles). Ce groupe est constitué de quelques notables de la ville qui vont, par la suite, jouer un rôle d’importance dans la Résistance Gersoise.
Peu de français ont entendu l’appel du 18 Juin lancé depuis Londres par le Général de Gaulle car, à l’époque, la radio en est à ses balbutiements et sa couverture n’a aucune commune mesure avec ce que nous connaissons de nos jours. Pourtant, les exemples qui montrent immédiatement une volonté de résister sont nombreux.
Le 24 Juin les Allemands pénètrent dans Bordeaux. Des tracts communistes condamnant la trahison et appelant au sentiment national contre l’occupant, ont été encartés dans les journaux du jour avec l’approbation de plusieurs tenanciers des kiosques, et distribués à la main dans les faubourgs.
Le même jour 130 hommes habitant l’île de Sein, en Bretagne, qui ont entendu l’appel du général de Gaulle décident de gagner l’Angleterre avant l’arrivée des Allemands. Le plus jeune a 12 ans et ils débarquent à Portsmouth d’où ils entreront dans les Forces navales françaises libres qui se constituent à peine.
A Rennes, pour offense publique à l’armée allemande, la blanchisseuse Aurélie Juge est condamnée à trois mois de prison. Les couturières Yvonne Ollivier et Georgette Vallet à une semaine de prison. Le cheminot Joseph-Marie Poidevin écope de six mois de prison pour manifestations hostiles aux Allemands.
Le 11 Novembre, à Paris, des étudiants manifestent à l’Arc de Triomphe en brandissant deux gaules, geste précédé de «Vive». De nombreuses arrestations sont opérées et les facultés ferment pour deux mois.
Ailleurs, on se transmet des anecdotes anti allemandes de bouche à oreille. Le freinage du travail ouvrier dans les entreprises travaillant pour l’ennemi est recommandé par tracts manuscrits ou messages. Certains, plus hardis, procèdent au dangereux ramassage et stockage des armes abandonnées en juin 1940 en rase campagne.
Au départ, passée l’amertume de la défaite, c’est le refus de subir le diktat de l’occupant qui prédomine chez ceux qui vont manifester des velléités de résister à l’occupation et aux conditions de l’Armistice. A Auch, ils sont quelques uns à ne pas se résoudre cette situation. Ils s’appellent Fernand Mauroux, un négociant, Ernest Vila, un instituteur, Georges Daubèze, un vétérinaire et Jean Bourrec, un professeur adjoint. On notera que Vila et Bourrec, tous deux adeptes du tennis ont, d’abord, formé le projet de gagner l’Angleterre. Mais finalement ils sont restés sur le sol français. Avec quelques connaissances de confiance, ils se retrouvent donc régulièrement dans un café, chez Daroles, où, au fil des conversations, ils vont confronter leurs idées et leur désir d’agir. Très vite se pose une question simple : agir comment ? L’une de leur premières actions sera de distribuer clandestinement le journal non moins clandestin « Liberté ». C’est une parution de la Résistance naissante fondée par François de Menthon à Marseille le 25 novembre 1940. La première tâche du journal est de convaincre les français que la guerre n’est pas perdue, et de lutter contre le défaitisme.
Bientôt, le noyau auscitain va recruter de nouveaux compagnons comme Mouchet, Villanova, Tourné, Lloret, Sempé, Montaubéry ou Massat. Ces hommes vont devenir des acteurs importants de la Résistance et certains d’entre eux, comme Ernest Vila ou Jean Bourrec, dirigeront bientôt les M.U.R (Mouvements Unis de la Résistance) dans le département.