Le 18 juin 1940, un appel est diffusé par radio depuis les studios de la BBC à Londres. Un général français peu connu du grand public exhorte les Français à continuer le combat alors que le maréchal Pétain vient d’annoncer la veille l’Armistice avec l’Allemagne. Ce général, Charles de Gaulle, va devenir le chef de « la France Libre » et va également rassembler, depuis son exil de Londres, une grande partie des mouvements de Résistance. A la fin de la guerre il s’impose naturellement comme l’un des hommes forts du pays.
Lorsque la guerre commence, De Gaulle n’est encore qu’un Colonel inconnu du grand public. Il s’est fait remarquer dans le monde militaire par les théories qu’il a échafaudé sur la guerre moderne. Il prône notamment l’usage de la force blindée et une guerre de mouvement, contrairement à la doctrine héritée de la première guerre mondiale à laquelle il a également participé.
En Mai 1940, alors que démarrent les affrontements contre les allemands après 9 mois d’inaction sur le front (la « Drôle de guerre »), il se fait remarquer par l’efficacité de ses actions à la tête d’une division blindée en arrêtant notamment les Allemands à Abbeville (27-30 mai 1940).
Nommé général le 1er juin 1940, de Gaulle devient quelques jours plus tard sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et à la Guerre, dans le gouvernement de Paul Reynaud.
Dans les jours qui précèdent l’effondrement et la défaite, le général de Gaulle assure la liaison avec les Britanniques. Mais la Bataille de France est néanmoins rapidement perdue. Le 16 juin, il apprend la démission du président du Conseil, son remplacement par le maréchal Pétain et la demande d’armistice. Le 17 juin de Gaulle part pour Londres afin de poursuivre la guerre.
Reconnu « chef des Français libres » par Winston Churchill, le premier ministre Britannique, de Gaulle va organiser des forces armées qui deviendront les Forces françaises libres. Mais avant cela, il rejette l’armistice que vient d’annoncer le Maréchal Pétain (alors considéré comme le plus grand des militaires français). Avec l’accord de Churchill le général de Gaulle lance un appel à la résistance sur les ondes de la BBC, le 18 juin. Aussitôt considéré comme un rebelle par le nouveau gouvernement français, il est condamné à mort par contumace en août.
Probablement peu entendu lors de sa première diffusion, l’appel du 18 Juin est un texte qui appelle à la poursuite des combats par tous les moyens et qui contraste totalement avec le discours de Pétain prononcé quelques heures auparavant. Il signe l’entrée en Résistance d’une partie des français.
Dans le Gers
En France métropolitaine, la réception du discours prononcé à la BBC le 18 juin 1940 par le général de Gaulle fut confidentielle. Le très faible nombre d’auditeurs gersois le confirme pour ce jour là.
Toutefois, l’inauguration par madame Morisse-Messerli, le 18 juin 2008, d’une plaque à la bibliothèque municipale d’Auch, prouve qu’au moins une dizaine de jeunes, étudiantes ou étudiants pour la plupart, ont juré, suite à l’appel, « de chasser l’ennemi nazi ». Tous ont tenu parole au risque d’être arrêtés, déportés, tués pour que revive la France.
Ce fut, en effet, le cas pour Jeanine Morisse, agent de liaison dont le domicile maternel, rue Dessoles à Auch, servit de refuge à de nombreux résistants. Parmi eux, l’opérateur radio du SOE réseau Prunus, Marcus Bloom exécuté Mathausen le 9 novembre 1944. Elle-même, arrêtée le 13 avril 1943, fut déportée à Ravensbrück.
Biblio : G. Sourbadère, « le 18 juin 1940 à la bibliothèque municipale d’Auch », BSAG, n°433, 2019.
Jeannine Morisse, Là d’où je viens,…ed , Empreinte, 2007 Souvenirs recueillis par Marie-Hélène Roques.